QUE LES FILS PENSENT DES GARCONS
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 Des garçons immatures et des filles pas méchantes

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nicole
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Messages : 14
Date d'inscription : 20/02/2023

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MessageSujet: Des garçons immatures et des filles pas méchantes   Des garçons immatures et des filles pas méchantes EmptyMar 21 Fév - 16:39

Sur la question des attouchements, le premier argument de justification que l’on entend chez les garçons comme chez les filles, c’est l’erreur ou le déni d’intention. Le contact a été « mal interprété » (la fille a cru à un attouchement, mais c’était une simple bousculade), ou involontaire : « j'ai passé en courant et sans le faire exprès, ma main, elle est partie toute seule » dira un garçon. Les rires autour de la table prouvent que les autres garçons ne sont pas dupes, mais ils maintiennent la fiction. Cet argument est l’ultime tentative pour éviter les conséquences de l’acte : pris sur le fait, ils nieront l’intentionnalité. Les filles expliquent ces comportements par l’immaturité des garçons : ils n’ont pas conscience de la gravité de leur acte, et sont donc irresponsables. La question de la maturité revient à 15 reprises dans l’entretien des filles. Elles diront : « ils sont pas encore conscients de ce qu'ils font ». Ou encore, si elles reconnaissent que certains garçons inventent des rumeurs sur leur compte, elles leur pardonnent car « c’est normal, ils ont pas encore muri, et on le sait ». Cette question de la maturité est reprise 11 fois dans les entretiens des garçons avec la même valeur d’excuse (« On charrie beaucoup après quand on grandit, on devient moins gamins »).

Filles comme garçons citeront aussi le cas d’élèves de cinquième ou sixième qui arrachent les T-shirts des filles, parce qu’ils veulent faire « comme les grands » mais sans comprendre qu’il y a des règles. Alors, les gestes et propos de ces garçons sont jugés sans conséquence car irresponsables.

Lors de l’animation menée par Marro (2011), toutes les filles évoquaient l’immaturité (« Ils font trop les gamins ») pour qualifier les garçons de leur classe.

Les garçons de 4e ou 3e qui commettent des attouchements sur les filles (mains aux fesses, empoigner les seins) le font “ pour rigoler » aux dires des adolescent-e-s. S’énerver contre eux ne sert à rien disent les filles : « Quand ils nous touchent, après on s'énerve et puis… je sais pas, après ça les fait rire. On a l'impression que plus on leur dit d'arrêter, plus ils continuent » tels les enfants testant sans cesse les limites… or, comme dira un garçon : « en 4e encore on grandit (…) on a pas de limites ».

Une autre manière de rigoler est d’insulter les filles, les traiter de « moches » ou de « putes », tel qu’il est dit aussi bien en entretien que dans l’animation. Les filles disent ne plus y prêter attention, car « ce n’est pas méchant ». En retour, elles se contentent de traiter les garçons de « gros », mais pas plus, car : « on est pas méchantes ». Le double standard entre garçons et filles est manifeste : puisque les garçons sont immatures, quand ils insultent, ce n’est pas méchant. Une fille étant toujours mature, quand elle insulte, elle est méchante.

L’immaturité chez les garçons est d’abord un égocentrisme affectif et psychologique qui s’exprime avant tout par un refus d’empathie avec les autres. Mosconi (2006, p. 86) explique :

« C’est ce refus d’empathie qui crée, à l’adolescence, ce qu’on appelle l’immaturité des garçons, quel que soit leur milieu social et peut-être encore plus dans les milieux populaires ; celle-ci entraîne le manque d’attention aux autres, mais aussi la difficulté à se plier à des règles collectives ».

Ainsi, derrière le masque de l’immaturité, certains garçons se permettent d’imposer aux enseignant-e-s comme aux autres élèves un rapport de force à leur avantage.

Des violences dirigées vers des groupes précis
« Les filles qui aiment ça »
4 . On voit la difficulté à laquelle font face les enseingant-e-s quand ils/elles cherchent à interpr (...)
37Si on peut traiter une fille de « pute » avec peu de conséquence, dire qu’une fille est “ bizarre » est plus grave4. Le terme de « bizarre » revient onze fois dans la bouche des garçons (trois fois chez les filles) en entretien. Dans l’animation, il est qualifié d’insulte. Son sens devient sans équivoque quand les garçons qualifient également de « bizarres » les films pornographiques. Là encore existe un double standard : un garçon ne peut apparemment pas être bizarre, même dans le cas où on le soupçonne de ne pas être assez viril. Ainsi, pour les garçons comme les filles, les violences sexistes sont considérées comme admissibles, voire justifiées tant qu’elles visent les personnes qui, selon eux et elles, les ont méritées : les « filles bizarres », « qui ont des réputations ».

38Les filles qui ont une réputation sont, selon Clair (2009, p. 2) celles qui ont :

« une étiquette sociale durable. [… une réputation] est perçue par les jeunes comme quelque chose de mérité, de nécessairement vrai, quel que soit son degré de vraisemblance en même temps qu’elle se fonde sur les obligations féminines en matière sexuelle ».

39Ces obligations sont décrites en creux par les garçons et en partie par les filles, quand ils et elles signalent que celles qui ne méritent pas le respect sont « celles qui font des trucs et qui assument pas », « celles qui le cherchent », « qui s’habillent mal, qui fument, qui boivent », mais aussi des filles « qui nous provoquent », qui « aiment faire l’amour », « qui veulent sortir avec tous les mecs », « mettent des trucs moulants », « se dandinent devant nous », « regardent des films bizarres », « disent des trucs tout le temps, c’est même pas vrai », « qui font des trucs », « qui se font remarquer », « qui se croient trop ». Pour Clair (2007, p. 121), ces qualificatifs portés sur les filles expriment surtout le fait qu’

« une fille n’a pas le droit de désirer : elle doit accueillir éventuellement le désir masculin (lorsqu’il s’exprime dans un cadre légitime) mais ne peut le susciter, car alors elle ‘provoque’, elle ‘allume’ ».

40Elle ne peut pas non plus se permettre, sans conséquence, d’être visible dans l’espace public. En effet, s’il est très facile d’obtenir auprès des garçons et des filles la liste de ce qu’une fille ne doit pas être, ils et elles fournissent moins spontanément la description positive d’une fille convenable. Lors de l’animation, les garçons ont dégagé un certain consensus autour des qualificatifs : « belle » et “ réservée ».

5 . au sens où Mathieu (1985) l’emploie quand elle explique que “ céder n’est pas consentir ”.
41Nous en arrivons alors à la question du consentement, pierre d’achoppement récurrente dans les questions d’agressions sexuelles. Une fille n’est pas consentante par le fait d’avoir donné son consentement, mais par le fait de se comporter d’une manière jugée inconvenante, ce qui la rend indéfiniment consentante. « Céder »5 à ce discours en l’alimentant au besoin, permet aux filles de tolérer l’existence d’attouchements tout en les jugeant inadmissibles quand ils ciblent les filles « qui ne sont pas comme ça ».

42On peut s’étonner de la forte cohérence entre les propos des filles et des garçons. Si on comprend aisément la raison pour laquelle les garçons tiennent à cette fable, l’attitude des filles est plus surprenante. On peut dans un premier temps y voir l’intégration du discours des dominants par les dominées, mais le récit suivant produit par les filles nous en donne une compréhension plus fine.

43Elles relatent le cas d’un garçon qui « a touché les seins » d’une fille en pleine cour de récréation. Pour cet acte perpétré ouvertement, il est impossible d’invoquer le déni d’intention.

6 . Les filles préciseront aussi qu’une exclusion, ce n’est pas une sanction
44Les filles estiment que les trois jours d’exclusion qu’il a reçus sont insuffisants6, car : « il était content, il a complètement assumé, il a avoué », même quand il a su que ce n’était pas une fille « qui aimait ça ». En somme, il a rompu la règle implicite : s’il dit qu’il a agi sans réfléchir, il ne met pas la réputation de la fille en danger.

45On voit toute la complexité de la situation vécue par les filles dans cette phrase qui est probablement un lapsus : « Même si elle veut pas, il a pas à faire ça devant tout le monde, il a qu’à le faire dans un couloir. ». En somme, le problème n’est pas tant l’acte lui-même, mais le fait qu’il ait été officiellement délibéré. La fille avait besoin du déni d’intention pour préserver sa réputation car les filles à qui on “ le fait exprès » sont jugées consentantes.

46Ce n’est pas la violence sexuelle qui est perçue comme dangereuse, mais sa divulgation. Or, comme un seul attouchement peut être considéré comme accidentel, seule la répétition de l’acte par un même élève peut justifier un signalement. Mais si une fille admet qu’elle est victime d’attouchements répétés, l’acte devient performatif : celle qui est agressée est consentante par le fait même d’avoir été plusieurs fois agressée.
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