Quand la mixité s’installe dans les années 1960, on imagine qu’elle va permettre de neutraliser la différence entre les sexes. Aujourd’hui, les établissements scolaires se désengagent de la gestion de la mixité, laissant certains élèves gérer eux-mêmes les rapports sociaux de sexe au moyen de la violence de genre. Porté-e-s par une culture juvénile hyper-sexualisée et codifiée, laissé-e-s seul-e-s face aux normes du genre, les adolescent-e-s de notre recherche deviennent dans leur établissement scolaire des gardien-ne-s du genre. Prétextant l’immaturité, des garçons s’attachent à ne pas éprouver d’empathie envers les filles et les garçons jugés féminins afin de pouvoir exercer à leur dépend une violence qui attestera de leur virilité. Pour éviter d’être soupçonnées d’immoralité, les filles partagent avec les garçons le rejet des filles qui ont des « réputations ». Seule une mixité réfléchie, travaillée en classe, offrant un cadre contrôlé et sécurisant peut autoriser des comportements moins normés, ouvre le débat entre garçons et filles et permet de recréer le lien d’empathie nécessaire pour aller à la rencontre de l’autre.